Je me baladais il y a quelques jours sur internet à la recherche de sources intéressantes à ajouter à mes articles, quand je tombe sur un test pour "mesurer votre degré
d'anxiété". Le site en question ayant des articles intéressants et plutôt fournis, et comme je suis très friande de ces petits jeux et qu'il m'arrive parfois (comme à chacun de nous) de
m'inquiéter pour des broutilles, j'ai choisi de cliquer sur le lien et de "faire le test".
Remplissage de questions (très orientées, mais je leur offre le bénéfice du doute : il s'agit d'un jeu), validation de mes réponses, et ... Le résultat s'affiche. Au fur et à
mesure que je lis celui-ci, je vois mon amusement et ma curiosité se changer en une glaçante anxiété : d'après ce test fait sur un site qui me semblait plutôt sérieux, je suis
une anxieuse chronique souffrant d'anxiété sévère probablement généralisée.
Aïe ! Horreur ! Que faire ? Est-ce qu'il y a des indications qui pourraient m'aider à gérer cette pathologie ?! (car il s'agit du niveau maximum proposé en résultats au test, et
ce n'est plus un niveau "normal" d'anxiété qui m'est annoncé, je suis dingue !)
Je regarde plus bas, un paragraphe supplémentaire de type "que faire dans ce cas" ? Rien. Il n'y a que les propositions d'autres tests à faire... Flippe ma grande, ronge toi les
sangs : c'est tout ce que tu sais faire et tout ce qu'il te reste.
Heureusement pour moi, je fais partie des personnes à aller consulter quand on souffre de ce genre de diagnostics. Ce qui implique deux choses :
1 - Je sais faire la différence entre un niveau acceptable d'anxiété et un niveau d'anxiété problématique. Et après analyse, je suis assez loin
du niveau problématique.
2 - Je sais exactement quelle peut être la marche à suivre quand on est confronté à ce genre de problèmes, et je sais quoi faire de mon anxiété
quand elle se présente.
J'ai donc très vite pris le recul nécessaire face à ce test, et une petite voix s'est indignée en moi...
Je la remercie gentiment pour son intervention et décide d'en faire quelque chose d'utile.
Observant mon cas d'anxieuse (que j'ai déjà décortiqué dans tous les sens une bonne dizaine de fois au moins), je m'applique à en faire le bilan qui va bien :
- c'est vrai que je m'inquiète parfois un peu trop pour pas grand chose;
- cependant, ces inquiétudes me donnent une force de conviction et une capacité d'action accrues qui me permettent de faire rapidement et
efficacement ce qui doit être fait pour régler le problème qu'elles annoncent, et sans m'arrêter avant d'avoir terminé;
- cette anxiété qui est la mienne est donc loin d'être problématique et n'a rien à voir avec une défaillance : c'est une force indéniable;
- une fois la situation réglée et l'anxiété passée, j'apprécie d'autant plus l'ampleur des compétences déployées pour y répondre.
Conclusion : je suis bien contente que mon anxiété soit là pour m'indiquer que quelque chose cloche, et je ne m'en séparerais pour rien au monde.
Si vous êtes anxieux de manière générale et que ça vous inquiète, sachez que cette anxiété s'apprivoise et qu'elle peut devenir une alliée de
poids. Je peux même vous aider dans cette quête.
Le propos de cet article est avant tout tourné de manière plus générale vers ces tests et diagnostics (qui ne sont jamais fiables à 100% et qui le sont encore
moins sur internet), car si on vous offre des étiquettes et des diagnostics dans tous les sens pour "vous rassurer", on vous donne rarement les implications de ceux-ci et vous
restez trop souvent à imaginer ce que ces étiquettes signifient :
- Je suis comme ça et personne n'y changera rien.
- Je suis comme ça et seuls les médicaments peuvent "aider".
- Je suis comme ça et ça me donne une "bonne raison" de me sentir mal et ne rien faire pour aller mieux.
- Je suis comme ça et je vais devoir me battre toute ma vie contre "ma nature".
Autant de croyances qui ont le pouvoir de vous faire plonger dans les abysses de la pathologie dont on vous a affublé, et selon moi (et un nombre croissant
d'autres praticiens) cette tendance à l'hyper-diagnostication est non seulement contreproductive mais elle est carrément dangereuse.
Elle enferme le patient dans une pathologie dont il est certain de ne pas pouvoir guérir aisément (ou même tout court), et donc dans un problème sur lequel il n'a aucun pouvoir,
alors même que la plupart du temps il y a quelque chose à faire pour résoudre le problème, et que souvent, ces choses qui peuvent être faites par le patient pour améliorer sa
situation sont même plutôt simples (et je dis simple, ce n'est pas pour rien).
Ainsi si vous vous voyez ou quelqu'un de votre entourage, affublé d'un diagnostic psychologique effrayant, prenez soin de garder autant de recul que possible sur ce diagnostic.
Et si comme moi vous faites un test en ligne et tombez sur un résultat effrayant ne laissant aucune échappatoire, gardez la tête sur les épaules : ce n'est qu'un
test sur internet, ça ne veut absolument rien dire de sérieux, et ne sera réel et immuable que si vous y croyez.
Si vous partagez cet article à trois personnes de votre entourage, nous pourrons avertir et aider énormément de monde. Ce n'est pas parce que vous savez faire attention à ce genre de choses que
tout le monde le fait.