"Ah, le chocolat après le repas, c’est sacré !" "Je me sens fatigué(e), tiens, si je prenais un petit bonbon ?" "Quand je suis stressé(e), un biscuit et ça repart !" Vous vous reconnaissez ?
Rassurez-vous, vous êtes loin d’être seul(e) dans le club des amateurs de sucre.
Si nos papilles frémissent à la simple idée d’un dessert, ce n’est pas un hasard : le sucre est le premier goût que nous découvrons dès la naissance, avec le lait maternel. Douceur et réconfort vont de pair, et ce lien reste ancré en nous bien au-delà de l’enfance. Mais pourquoi ce besoin parfois irrépressible de sucré ? S’agit-il d’une simple gourmandise, d’une carence, ou d’un mécanisme bien plus complexe ?
Le sucre provoque-t-il vraiment une dépendance ?
D’un point de vue biologique, le glucose est notre carburant principal. C’est lui qui alimente notre cerveau et nos cellules, et il est absorbé très rapidement par notre organisme. Résultat : une libération instantanée de sérotonine, cette hormone du bien-être qui nous met de bonne humeur et nous apaise (Lemmens et al., 2019). Notre cerveau est donc naturellement programmé pour apprécier le sucre.
Cependant, ce plaisir peut se transformer en véritable compulsion. Vous êtes-vous déjà retrouvé.e à dévorer une tablette entière de chocolat alors que vous comptiez n’en prendre qu’un carré ? Ce phénomène s’explique par des « pics d’insuline » : après une montée rapide du taux de sucre dans le sang, la glycémie chute tout aussi brutalement, entraînant une nouvelle envie de sucre (Jauch-Chara & Oltmanns, 2014). Un cercle vicieux redoutable.
Mais est-ce une réelle addiction ? Si l’on parle souvent de « dépendance au sucre », il est important de nuancer : contrairement aux drogues, le sucre ne provoque pas de symptômes de sevrage physiques avérés (Westwater, Fletcher, & Ziauddeen, 2016). Toutefois, l’impact psychologique est bien réel.
Pourquoi ai-je envie de sucre sans forcément avoir faim ?
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Le stress et les émotions : quand le sucre devient un doudou
Après une journée éreintante, votre première pensée est-elle de vous détendre avec un gâteau ? Le stress favorise la production d’adrénaline, qui mobilise nos réserves d’énergie (Charmandari, Tsigos, & Chrousos, 2005). Une fois la tension retombée, notre corps réclame du sucre pour rétablir l’équilibre. Ce mécanisme explique pourquoi nous avons tendance à chercher du réconfort dans une sucrerie après un moment stressant.
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Les restrictions alimentaires me poussent-elles à manger plus de sucre ?
Avez-vous déjà banni le sucre de votre alimentation, pour finalement craquer et vous jeter sur une boîte de cookies ? Lorsqu’on s’impose une restriction cognitive, notre cerveau perçoit le sucre comme un trésor interdit. Résultat : il le convoite encore plus ! Des études sur les animaux et les humains montrent que la privation entraîne une consommation excessive une fois l’interdiction levée (Polivy & Herman, 2005).
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Les carences en minéraux influencent-elles mes envies sucrées ?
Une envie irrépressible de chocolat ? Votre corps pourrait vous envoyer un message : il manque peut-être de magnésium (DiNicolantonio, O’Keefe, & Wilson, 2018). De même, une carence en fer peut perturber la synthèse de sérotonine et exacerber les envies de sucre (Wojcik et al., 2019). Plutôt que de vous jeter sur un dessert, un apport suffisant en ces nutriments peut réduire ces envies soudaines.
Pourquoi ai-je plus envie de sucre à certains moments ?
Certaines périodes de la vie ou certaines situations favorisent les fringales sucrées. Voici quelques déclencheurs bien connus :
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Pourquoi ai-je envie de sucré avant les règles ?
Avant les règles, la chute des œstrogènes entraîne une baisse de sérotonine, ce qui peut accentuer l’envie de sucre (Martin-Du-Pan, 2010). Manger du sucre booste temporairement la production de sérotonine, d’où cette irrépressible envie de chocolat.
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Le manque de sommeil pousse-t-il à consommer plus de sucre ?
Une nuit trop courte dérègle les hormones de la faim, augmentant la production de ghréline (hormone de l’appétit) et diminuant celle de la leptine (hormone de la satiété). Résultat : une forte envie de sucre pour retrouver rapidement de l’énergie (Spiegel et al., 2004).
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Pourquoi a-t-on envie de sucre quand on arrête de fumer ?
Arrêter la cigarette entraîne une augmentation de l’insuline et une baisse de la sérotonine, favorisant les envies de sucre (West et al., 2006). Une explication pour ceux qui troquent la clope contre des bonbons !
Comment lutter contre les envies de sucre sans frustration ?
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Quels aliments choisir pour éviter les fringales sucrées ?
Optez pour des glucides complexes comme les fruits, les céréales complètes ou les légumineuses. Contrairement aux sucres rapides, ils évitent les variations brutales de glycémie et procurent une énergie plus stable.
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Comment différencier une vraie faim d’une envie émotionnelle ?
Plutôt que de plonger directement dans le paquet de biscuits, demandez-vous : « Ai-je vraiment faim ou est-ce une envie émotionnelle ? » Trouver d’autres sources de réconfort, comme une promenade, un bain chaud ou un moment de méditation, peut aider à détourner votre attention du sucre.
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Faut-il diaboliser le sucre ?
Non, plus vous le considérez comme un interdit, plus il devient désirable. L’objectif ? L’intégrer intelligemment dans votre alimentation, en savourant un dessert occasionnellement sans culpabiliser.
Nos envies de sucre ne sont pas qu’une question de gourmandise : elles trouvent souvent leur origine dans notre physiologie et notre psychologie. Stress, fatigue, carences, habitudes
alimentaires… Autant de facteurs qui influencent notre appétit pour le sucré. Plutôt que de lutter contre ces envies, mieux vaut les comprendre et adopter une approche équilibrée.
Un carré de chocolat dégusté avec plaisir vaut mieux qu’une tablette engloutie dans la culpabilité !
Références
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Charmandari, E., Tsigos, C., & Chrousos, G. (2005).
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DiNicolantonio, J. J., O’Keefe, J. H., & Wilson, W. (2018).
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Jauch-Chara, K., & Oltmanns, K. M. (2014).
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Lemmens, S. G. T., et al. (2019).
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Martin-Du-Pan, R. C. (2010).
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Polivy, J., & Herman, C. P. (2005).
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Spiegel, K., et al. (2004).
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West, R., et al. (2006).
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Westwater, M. L., Fletcher, P. C., & Ziauddeen, H. (2016).
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Wojcik, O. P., et al. (2019).